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Le jumeau perdu - l'histoire des jumeaux nés seuls

 

 

 

 

Par Jean Sylvain.

Après la naissance de chacun de mes trois enfants, j'ai fait le même rêve... Mon enfant tombait dans une eau profonde et coulait à pic. Je plongeai sans rien voir dans cette eau trouble, l'enfant, mon enfant, avait disparu, complètement disparu.

Je restais seul, paniqué, avec un sentiment d'impuissance et des acoups douloureux dans la poitrine.

C'est en lisant les livres du Dr Claude Imbert que les choses, très progressivement sont apparues à mon esprit.

Ma mère m'a toujours dit que, se trouvant enceinte de moi, elle avait avortée par elle même, mais cette fois, ça n'avait pas fonctionné. Elle ne se doutait pas que nous étions deux.

C'est une empreinte douloureuse qui marque une vie à jamais. Il est difficile aux personnes nées « seules » de comprendre cette souffrance.

Comment exprimer ce manque? Cette solitude déchirante et infinie? Ce non désir d'un tas de choses (par renoncement?). Ce trop de désir d'un tas de choses pour se remplir, remplir le vide. Cette demi et parfois non existence (on a l'impression de ne pas être là ou à moitié, pas incarné), cette place qu'on arrive pas à trouver? Cette quête incessante et fusionnelle de l'autre? Ce sentiment récurent que « ça ne sert à rien », ce moteur qui démarre puis hoquète et s'étouffe, sentiment d'impuissance.

Comment l'autre, l'ami, le compagnon, la compagne peut-il comprendre ce besoin fusionnel?

Adeline a voyagé partout dans le monde, un peu mythomane, à la recherche d'une spiritualité idéalisée. A 35 ans elle s'est fait opérer d'un kyste ovarien. Celui qui l'a opéré a trouvé des cheveux et des bouts de dent à l'intérieur. Sa constellation confirme l'hypothèse du jumeau perdu.

Dans un atelier, après sa constellation où apparaissait un jumeau ignoré, un participant, Pierre-Jean, raconte qu'en fait ses parents l'avait nommé ainsi (avec un trait d'union) ... mais que la personne recevant la déclaration de sa naissance avait écrit, Pierre virgule Jean (Pierre, Jean). Il ajoute...

 

« Étant enfant, j'ai vécu dans une grande et morne solitude. Intégré nul part, toujours cette grande tristesse pour compagnie et l'incompréhension des autres en face de moi.

A l'école, au collège, la maison... Je n'avais que très peut d'amis, un à la fois, quand j'ai connu l'amour, je me suis rendu compte que je ne pouvais aimer personne, les relations avec les filles me paraissaient fades, plates. Bien sur je trouvais une justification à tout cela, trop idéaliste, trop exigeant, pas assez dans le moule …

Je souffrais en permanence, je ne trouvais jamais ma place nul part, je compensais en étant trop présent, agité, tantôt effacé. Comment vivre avec tout cela? En m'intéressant à l'art, la philosophie, la spiritualité.

Vivre me demandais beaucoup d'effort pour éviter la souffrance et l'idée de la mort m'apaisait.

L'amour était trop associé à la perte de l'amour pour que j'accepte une relation durable, il valait mieux partir avant cette perte inévitable ou bien que ce soit l'autre qui parte ». 

Ce que ressentent les jumeaux nés seul(e)s après une séance de constellation (parfois il en faut plusieurs), c'est un soulagement, comme un sac à dos qui pèse son poids et que l'on pose à terre. C'est une expérience étrange après avoir été tellement identifié à son mal être.

Une culpabilité qui s'efface, une sexualité qui devient satisfaisante ou simplement possible, un relationnel transformé... On ne cherche plus son jumeau partout, on sait où il est et que lui c'est lui et nous c'est nous. Que son destin est son destin, il était de ne pas vivre et que notre destin est notre destin, et il est de vivre. Un deuil conscient et accepté peut commencer.

Je remarque que dans les constellations, le jumeau qui n'a pas vécu pousse l'autre à être heureux, à réussir « ta tristesse ne me rend pas la vie » « j'ai besoin que tu sois heureux ».  

 

A lire: « le syndrome du jumeau perdu » de A.R et B. Austermann. Ed. Le souffle d'or.

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